[ Entretien ] - Anne-Laure Belloc, directrice de la programmation arts et culture numérique à Stereolux
Publié par TACTISS, le 18 novembre 2024
Arrivée début 2024 à Stereolux, nous vous présentons Anne-Laure Belloc, la directrice de la programmation arts et culture numérique
TACTISS : J’ai vu sur ton profil LinkedIn cette phrase qui t’introduit : « Formée à la sociologie, je travaille depuis 15 ans dans le domaine artistique et culturel. Un parcours à la croisée des arts visuels, des arts vivants et du monde des idées. »
Cela te correspond-il toujours ?
Anne-Laure Belloc : je l’avais oublié, mais oui elle me va bien. J’ai d’abord travaillé dans un laboratoire de sociologie, et je pensais poursuivre dans cette voie, mais le hasard en a voulu autrement ! J’ai effectué une mission pour la fondation Cartier, et cela été une une révélation. Travailler autour de questions sociétales au travers du regard des artistes, c’était ça que j’avais envie de faire !
T : Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre Stereolux ?
A.L.B. Le fait que Stereolux porte un vrai projet pluridisciplinaire. La musique, les spectacles, les expos… C’est dans son ADN. Et c’est un lieu de diffusion qui accueille beaucoup de monde mais aussi un lieu de création qui accompagne des artistes dans leurs parcours.
T : « Le pôle Arts & Cultures numériques explore les grands enjeux socio-technologiques de notre temps à travers le regard des artistes. » Parle-nous de ce pôle.
A.L.B. Au sein du pôle, il y a 4 grandes lignes directrices. La diffusion de projets hybrides, cela peut être des expositions, des spectacles, des temps forts par exemple Scopitone. Il y a aussi l’accompagnement des artistes, nous avons des espaces de travail qui sont mis à disposition, nous pouvons aussi co-produire. Il y a également un volet arts/sciences important. Et puis tout l’aspect formation qui va de l’atelier initiation à des workshops plus avancés. Dans ces quatre domaines, on essaie de parler de technologies et de leurs impacts dans un contexte global, pas uniquement comme un outil.
T : Du côté des projets arts/sciences, quelle votre philosophie, vos objectifs ?
A.L.B. Le projet d’établissement de Stereolux pour la période 2023 -2026 a un axe central autour du triptyque Art / science / société, sur lequel s’adossent les projets art-science. Et nous commençons la rédaction du prochain projet.
Jusqu’à présent, la programmation s’est faite au fil des opportunités en se concentrant sur la qualité de la rencontre entre un ou une chercheuse et un ou une artiste. Par exemple, Stereolux accueille la Nuit Blanche des Chercheurs depuis sa création, ce qui a suscité beaucoup de rencontres. L’une d’entre elles, entre un chercheur du LS2N et un musicien a eu lieu il y a 4 ans et ils présenteront le fruit de leur collaboration lors de la prochaine NBC. Le travail a démarré autour de la “sonification du vivant” pour aboutir à la création d’un avatar métabolique. C’est génial de permettre à ce type de projet de se développer, de bifurquer et se déployer.
T : Fin novembre aura lieu votre temps fort « Infiniment Lumière ». Comment s’est construit cet événement ?
A.L.B. : Je dirai que c’est grâce à un « alignement des planètes », des éléments qui ont convergé.
Cela commence avec la rencontre de Sophie Keraudren-Hartenberger, une artiste visuel nantaise, qui avait envie de travailler sur « des jardins chimiques » , en lien avec la lumière, et avec Yann Pellegrin, chercheur au Ceisam. C’est un projet qui s’est fait sur un temps très court, alors que parfois les projets arts sciences prennent beaucoup de temps, là ça a commencé en février, et l’exposition sera présentée fin novembre. Parallèlement, j’ai reçu la proposition de Thomas Laigle avec son spectacle « Luciférine », sur le chant sonore des bactéries marines bioluminescentes.
Ce sont deux projets qui ne pouvaient pas se faire sans chercheur ou chercheuse et qui abordaient des facettes différentes de la lumière. Le point de départ était là. Nous avons ensuite construit la programmation avec la palette d’activité de Stereolux : workshop, concerts, propositions jeunes publics et des conférences en partenariat avec Les Échappées Inattendues du CNRS.
T : Et à l’avenir, quelles sont vos envies, les thématiques que vous aimeriez explorer ?
A.L.B. : Notre ambition est de continuer à initier des projets arts-sciences en essayant de les accompagner jusqu’à la présentation publique, ce qui peut parfois prendre plusieurs années. Et après ce temps fort ponctuel, l’idée serait de passer à une programmation arts/sciences intégrée à nos événements, tout au long de l’année. C’est à dire que des projets arts-sciences soient présents dans chacun de nos temps forts thématiques, que l’on parle de biomimétisme, d’intelligence artificielle, de low-tech ou de techno-solutionnisme.
Plusieurs projets sont dans les tuyaux en 2025, comme celui de l’artiste Justine Emard et du chercheur en informatique Vincent Courboulay, autour du numérique responsable, un aspect qui nous tient beaucoup à cœur. D’autres projets vont naître, notamment en lien avec le développement des IA génératives. Pour l’instant, nous sommes beaucoup sur des relations entre les sciences dites dures et l’art mais rien ne nous empêche d’aller vers des sciences humaines et sociales.
Merci Anne-Laure !
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